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jeudi 5 janvier 2023

Je lis donc je suis !

 

 

Aifelle a lancé le jeu annuel et maintenant traditionnel du début d'année : Je pense donc je lis !

Voilà ce qu'écrit Aifelle : "Un titre en forme de déclaration aussi péremptoire me fait rire. Ceux qui ne lisent pas ne seraient donc pas ? allons donc .. mais quelque part, c'est un plus me semble-t-il. Toujours est-il que je me suis livrée au jeu rituel de fin d'année. Je rappelle la règle. Répondre aux questions en utilisant uniquement les titres de livres lus en 2022."  Je vous renvoie à son billet ICI  .

 

Pour souligner le "c'est un plus" d'Aifelle, voici les deux citations mises en exergue sur la page d'accueil de mon blog et toujours tellement vraies.

 


 

 

"Lire c'est boire et manger. L'esprit qui ne lit pas maigrit comme le corps qui ne mange pas". Victor Hugo


Les livres "c'est la meilleure des munitions que j'aie trouvée en cet humain voyage". Montaigne






 

 J'ai répondu facilement aux questions et j'ai eu souvent à choisir entre plusieurs titres sauf pour le moyen de transport  dont la réponse est,  je l'avoue, un peu tirée par les cheveux. Mais pourquoi pas ? Marcher sur les ailes du vent... 

 Autrement, je crois que cela fonctionne ? Qu'en pensez-vous ?

Décris-toi ... 

Petite    Edward Carey : Petite

Comment te sens-tu ?

 Celle qui pleurait tous l’eau  Niko Tackian : Celle qui pleurait sous l'eau

Décris où tu vis actuellement ...

L’île sous la mer   Isabelle Allende : L’île sous La mer

Si tu pouvais aller où tu veux, où irais-tu ?    

Dans ce jardin qu’on aimait   Pascal Quignard : Dans ce jardin qu'on aimait

Ton moyen de transport préféré ?

 Qui sème le vent : Marieke Lucas Rijneveld : Qui sème le vent

Ton/ta meilleur(e) ami(e) est ...

La pupille de Thorpe-Combe  Frances Trollope : La pupille de Thorpe-Combe

Toi et tes amis vous êtes ...

A l’ombre des loups  Alvydas Slepikas : A l’ombre des loups 

ou dans la gueule de l'ours  : Jamie McLaughin : Dans la gueule de l’ours

Comment est le temps ?

Un pays de neige et de cendres  Petra Rautianen : Un pays de neige et de cendres

Quel est ton moment préféré de la journée ?

Le tournesol suit toujours la lumière du soleil  Martha Hall Killy : Le tournesol  suit toujours la lumière du soleil

Qu'est la vie pour toi ?

Je refuse  : Per Petterson : Je refuse   

Ta peur ?

L’invention du diable Hubert Haddad : L'invention du diable

Quel est le conseil que tu as à donner ?

Rompre le silence : Mechtild Borrmann : Rompre le silence

La pensée du jour ...

Gagner la guerre Jean-Philippe Jaworsky : Gagner la guerre

Comment aimerais-tu mourir ? 

Au nom du bien Jake Hinkson : Au nom du bien

Les conditions actuelles de ton âme ?

Apaiser les tempêtes   Jean Hagland : Apaiser nos tempêtes

Ton rêve ?

Le royaume de ce monde  Alejo Carpentier : Le royaume de ce monde

 

 

Et vous quelles citations proposez-vous pour décrire tout ce qu'apporte la lecture, "ce plus" dont parle Aifelle et qui nous fait vivre, nous, lecteurs !

Déposez vos citations dans les commentaires et je les noterai dans ce billet pour constituer un petit recueil.



jeudi 4 avril 2013

Laia Fabregas : Atterrir Actes sud






Atterrir est un roman de Laia Fabreagas traduit du néerlandais. L'auteur d'origine catalane est venue au Pays-Bas pour un échange universitaire et y resté. Elle en a adopté la langue. Ce n'est pas étonnant, donc, si son second roman présente des personnages à cheval sur les deux cultures : Lui, retraité, d'origine espagnole. Il est venu travailler au Pays-Bas a épousé une néerlandaise, Willemine, et est retourné s'installer à Barcelone. Elle, jeune néerlandaise, portant un secret. Elle revient de Barcelone, d'un de ses innombrables voyages dans une quête incessante dont nous n'apprendrons la finalité que peu à peu.
Ils se rencontrent dans l'avion de Barcelone à Amsterdam. Le vieil homme qui va revoir un de ses fils resté néerlandais se confie à elle. Il lui montre une boîte en bois qui semble avoir beaucoup d'importance pour lui et qu'il veut remettre  à son fils après le décès de sa femme. Mais à l'atterrissage, le vieil homme meurt. Obéissant à une impulsion la jeune femme se saisit de la boîte et part avant l'arrivée des policiers.

Le roman se poursuit menant en parallèle deux récits, celui relatant le passé du vieil homme, sa jeunesse, l'immigration, le travail, la rencontre de sa femme, la naissance des enfants, l'âge mûr et la mort de sa femme… L'autre, nous montre la vie de la jeune femme, le drame qui a bouleversé son enfance, ses rapports avec ses parents adoptifs, son caractère asocial avec ses collègues de travail et sa quête obsessionnelle.
L'un est à la fin de sa vie et, à la suite de la disparition de  Willemine, son épouse, il cherche une lumière dans le noir, un sens à sa vie; il trouvera l'apaisement  avant de mourir :
J'ai alors vu des millions de rayons lumineux se propager devant moi, émaner de moi, comme si j'étais une étoile, comme si j'étais ma propre lampe à incandescence. Chaque rayon se distinguait des autres, et chacun d'eux avait un avenir possible.

L'autre refuse la vie en poursuivant un rêve. Mais sa recherche n'est-elle pas finalement une tentative pour se trouver elle-même? C'est ce qui lui dit sa tante Anneke qui l'a élevée. Un jour, elle découvrira cette vérité :
 Rien ne m'obligeait à rester morte. (…) Je ne cherche plus, ai-je dit. c'était la première fois que je prononçais distinctement ces mots.

On peut dire que Atterrir est un roman d'initiation pour les deux personnages car,  à tout âge, il nous faut apprendre. La vieillesse doit apprendre à accepter la mort, la jeunesse à ne pas avoir peur de vivre. Willemine qui était peintre cherchait, elle, le sens de l'Art.  Le dénouement nous ménage une chute qui m'a paru forte où est révélé le secret de la petite boîte noire et bien plus encore mais que je ne vous en dis pas davantage, bien sûr.
J'ai eu un peu de mal à entrer dans le roman car si le personnage masculin est intéressant, le personnage féminin est  froid, tellement coupé de ses sentiments que le lecteur a des difficultés à s'intéresser à lui; mais au fur et à mesure que nous découvrons la jeune femme, nous sommes amenés à partager sa souffrance et assistons à  son évolution, nous la voyons s'ouvrir peu à peu comme lorsqu'elle découvre l'amour de sa mère adoptive …
Un beau roman, donc..

Livre voyageur; inscrivez-vous dans les commentaires.

La photographie (que j'aime beaucoup) de la première de couverture  est de  Jennifer Hudson.

samedi 3 décembre 2011

RAPPEL : lecture commune d'un polar scandinave

Matisse : La lectrice soumise

Je vous rappelle notre rendez-vous scandinave pour le Lundi 5 Décembre.

Le but est de lire un roman policier scandinave au choix, celui que vous avez dans votre PAL,  par exemple, ou celui que vous rêvez de découvrir.
A Lundi peut-être pour ceux qui sont prêts!

Les inscrits  : Lire au jardin, Lystig, Wens , Claudialucia, Maggie, Eeguab, Océane.

lundi 31 octobre 2011

Lecture commune : Le polar scandinave, le 5 Décembre

Matisse : La lectrice soumise


A la suite du festival de polars de Villeneuve-lez-Avignon qui rendait hommage aux écrivains scandinaves, nous sommes plusieurs à avoir décidé une lecture commune sur ce thème  pour le 5 Décembre.

Le but est de lire un roman policier scandinave au choix, celui que vous avez dans votre PAL,  par exemple, ou celui que vous rêvez de découvrir.


Les inscrits  : Lire au jardin, Lystig, Wens , Claudialucia, Maggie, Eeguab, Océane.


Venez nous rejoindre si cela vous dit!



Henning Mankell
Quelques noms d'écrivains mais la liste n'est  pas exhaustive : 


 Henning Mankel



Ake Edwardson 
 Ake Edwarson





Stieg Larsson,  Camilla Lackberg,  Leena Lehtolainen, Hakan Nesser, Maj Sjowall et Per Wahlöö, Arni Thorarinsson, Liza Marklund, Gunnar Staalesen,  Arnaldur Indridason, Jo Nesbo etc...

jeudi 29 septembre 2011

Septième festival du Polar à Villeneuve-Lez-Avignon



 C'est là que je serai ce week end!
  
Le Septième festival du polar a lieu a Villeneuve-lez-Avignon du 30 Septembre au 2 Octobre, films, expositions, conférences,  tables rondes, lectures et rencontres vont s'y succéder pendent trois jours.
Ce festival est dédié cette année au polar nordique qui connaît un engouement particulier chez nous en ce moment. Sept auteurs nordiques sont donc invités parmi les cinquante écrivains qui seront présents.

 

les invités d'honneur
Arne Dahl
Ake Edwarsson,
Leena Letholainen
Jon Alur Steffanson
Gunnar Staalesen
Jan Costin Wagner

Quelques noms piochés au hasard parmi ceux que je connais

Michel Bussi
Sylvie Rouch
Dominique Sigaud
Didier Daeninckx
Caryl Ferey
Illustrateurs
Mako
Renart


 Pour le programme, je vous renvoie à l'adresse suivent ICI  mais voici un aperçu de ce j'ai envie de voir, d'écouter. Bien sûr, certaines heures se chevauchant, il va falloir choisir.

Cinéma nuit du noir
FIlm allemand de Baran Bo Odar : Il était une fois un meurtre
Film  suédois de Johann Runeborg Sleepwalker

expositions :  La cité réinventée : planches d'illustrateurs et de dessinateurs de BD
Installation de Dominique Testud, Photographe scènes de crime à la boulangerie
Conférences : Polar  nordique : une fenêtre sur les particularités des sociétés scandinaves
 Lectures boréales par l'acteur Antoine Coessens
Spectacle théâtre : Requiem pour Miss Blandish par la compagnie Subito

vendredi 15 juillet 2011

Hella S. Haasse : Des nouvelles de la maison bleue



Dans Des nouvelles de la maison bleue de Hella H. Haasse, la maison éponyme occupe la place centrale du roman et relie les personnages entre eux et d'abord tous les habitants de ce quartier résidentiel, refermé sur lui-même, secret. La maison bleue est la propriété du professeur Lunius, de sa femme que tous appellent l'Argentine, du nom de son pays d'origine, et de leurs petites filles, Félicia, "la discrète", Nina "la pétulante". A la mort de son mari, madame Lunius part en Argentine avec ses filles et se remarie avec un compatriote conservateur proche de la dictature. La Maison bleue abandonnée à elle-même devient le repaire magique de tous les enfants du quartier.

La maison au toit bleu était donc une partie de notre réalité, un élément indispensable du paysage. Nous nous accommodions des volets clos, des pentures écaillées et de la jungle environnante, et nous nous réjoussions que les tentatives de la municipalité pour acquérir la maison soient restées infructueuses. Dans les années soixante et soixante dix la maison a joué un rôle dans le rêve et l'imagination d'innombrables enfants du quartier; ceux d'entre nous qui étaient alors à l'école primaire ou au lycée peuvent en parler.

De loin en loin les voisins de la maison bleue apprennent des nouvelles de Félicia mariée à avec un diplomate néerlandais et qui  fréquente les milieux huppés de la haute bourgeoisie. Nina  épouse un chanteur argentin, Ramon Sanglar,  et fait parler d'elle par le soutien qu'elle apporte aux mères et aux veuves des opposants de la dictature de son pays. Lorsque les deux soeurs reviennent dans la maison bleue décidée à la mettre en vente, tous vont se sentir concernés, en particulier Nora Munt et le couple Meening qui ont racheté les dépendances de la maison. Le récit raconte les retrouvailles des deux soeurs séparées depuis de longues années et les incidences directes ou indirectes de ce retour sur les habitants. Il est entrecoupé par l'intervention d'un ou plusieurs observateurs extérieurs  à la maison bleue, les voisins, qui observent les soeurs Lunius et commentent leurs fait et gestes. Comme un choeur archaïque, ce sont eux qui portent le sens du roman :

Nous voulions voir en elles, une légende vivant, le passé, mais présent, désir paradoxal. Comme si nous pouvions oublier que tout peut changer continuellement, nous-mêmes, le quartier, le monde autour de nous.

Le roman est en effet l'histoire d'une désillusion collective :  Nina qui traque son enfance dans les murs délabrés de la maison, Félicia qui essaie en vain de se rapprocher de sa soeur, Nora Munt qui veut faire revivre son amour d'adolescente pour Diederick Meening, Wanda Meening qui cherche à  s'émanciper d'un mari trop prévenant, les voisins fascinés par les deux soeurs, tous  courent à l'échec.  La destruction de la maison bleue remplacée par une maison de retraite pour vieillards fortunés est le symbole de cet impossible retour en arrière.

Le charme qui émanait de la Maison bleue et qui prêtait aux deux soeurs une aura  magique aussi longtemps qu'elles étaient ailleurs s'est retourné contre elles, est devenu maléfice, influx malin.

L'analyse de  Hella S. Hasse est conduite avec élégance et finesse. L'écrivain sait rendre le charme, le mystère de la maison (comme dans La source cachée) mais  il y a une froideur dans cette analyse qui m'empêche d'adhérer totalement au roman. Impossible d'être en empathie avec un seul des personnages ou d'éprouver de l'émotion.  Haasse parle à l'intelligence mais pas aux sentiments.


vendredi 17 juin 2011

Hella S. Haasse : En la forêt de longue attente


Le roman de Charles d'Orléans (1394-1465).
En la forêt de la longue attente  est  l'histoire de Charles d'Orléans, petit-fils de Charles V, neveu de Charles VI le Fou. Son père, Louis d'Orléans, frère de Charles VI, a été assassiné par le duc Bourgogne, Philippe le Hardi, très puissant seigneur qui n'a de cesse d'étendre son duché, profitant de l'incapacité à régner de Charles VI pour faire de la Bourgogne un puissant royaume, indépendant de celui de France. A l'âge de 14 ans, Charles d'Orléans se retrouve orphelin et à la tête de la puissante maison d'Orléans. Il doit venger son père comme il l'a promis à sa mère Valentine Visconti en tenant tête à Bourgogne devenu le conseiller du roi. Il lui faut guerroyer aussi contre l'Angleterre, en particulier contre Henry V qui prétend avoir des droits légitimes sur la couronne de France, déjouer mille intrigues de cour, complots sournois auxquels succèdent des  traités et des promesses solennelles d'amitié, vite suivis de trahisons. Or, Charles d'Orléans n'est pas un guerrier ni un courtisan, ni un politique! C'est un érudit qui aime l'étude, la lecture, excellent latiniste de surcroît, un penseur et surtout un poète. L'amour de la poésie l'accompagnera toute sa vie et l'aidera pendant les vingt-cinq années qu'il vécut en Angleterre après avoir été fait prisonnier à la bataille d'Azincourt.
Le titre du roman est issu du premier vers de ce poème de Charles d'Orléans  :
En la forêt de Longue Attente,
Chevauchant par divers sentiers,
M'en vais, cette année présente,
Au voyage des Désiriers.
Devant sont allés mes fourriers
Pour appareiller mon logis
En la cité de destinée;
Et pour mon coeur et moi ont pris
L'hôtellerie de Pensée.
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Charles d'Orléans, fils de Louis d'Orléans et de Valentine Visconti
Dans son avant propos, Hella Haase affirme que si ce roman historique est étayé par de solides recherches son but n'est pas de reconstruire le passé médiéval. L'Histoire n'est pas ici une fin mais un moyen dit-elle de "retracer  la lente et douloureuse évolution d'un être qui parvient, grâce à la découverte de la créativité, à rester fidèle à lui-même en dépit du rôle social que les circonstances l'obligent à assumer".
Autrement dit, dans ce personnage, c'est l'homme et le poète qui touchent l'écrivain. Grâce à ce que Marguerite Yourcenar appelait la magie sympathique, cette puissance suggestive qui jaillit d'une complicité secrète, Hella S. Hasse nous livre un portrait passionnant, émouvant et profondément humain de cet homme pourtant si éloigné de nous dans le temps. L'art de l'écrivain, sa  perception intuitive de l'homme, nous révèlent un être de chair et de sang qui nous émeut, un poète délicat qui exprime des sentiments sincères dans une langue pleine de raffinement et de beauté. J'ai vraiment pleinement aimé ce portrait qui met en valeur, comme le disait Paul Eluard, un "des plus grands poètes français" mais aussi un homme sensible, intelligent et lettré, qui a été séparé de la femme qu'il aimait, Bonne d'Armagnac, sa seconde épouse, par la captivité et ne l'a jamais revue, une existence douloureuse, sacrifiée à la raison politique.
A côté de ce portrait passionnant, l'écrivain fait revivre des hommes et des femmes tourmentés, déchirés, machiavéliques, perfides ou parfois innocents, qui forment une tragi-comédie humaine haute en couleurs. Le contexte historique nous rappelle les moments les plus sombres de la guerre de Cent ans :  Charles VI, le roi enfermé dans sa folie, horriblement séquestré dans son propre palais, manipulé par la reine et par ses conseillers, Isabeau de Bavière, la Reine obèse dans son fauteuil roulant, reniant son propre fils Charles VII pour servir ses intérêts et sa cupidité, les Grands, ducs de Bourbon, Bourgogne,  Berry s'acharnant à défendre leur pouvoir et leur fortune dans une France rendue exsangue par les guerres, sans pitié pour un peuple agonisant sous les impôts, la famine, les épidémies. Le Moyen-âge français nous est ainsi restitué à travers la vision contemporaine d'un écrivain qui aborde l'Histoire non par des détails extérieurs et superficiels mais par l'essentiel, l'essence de l'Homme.
Un grand roman que j'ai vraiment beaucoup aimé.

La maison royale de Valois


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Charles V Le Sage                   Jeanne de Bourbon
(1338 à 1377)                   (1338 à 1380)
Roi de France                    Reine de France
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Charles VI  Le Fou                     Isabeau de Baviere
Roi de France                             Reine de France
(1368 à 1422)                             (1371-1435)
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Charles VII le Victorieux              Marie d'Anjou
Roi de France                                (1404 1463)
(1403 146)
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Louis XI le Prudent
Roi de France
(1423-1483)

La Maison d'Orléans

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Louis d'Orléans                      +   Valentine Visconti
(frère de Charles VI Le Fol)          (1366 à 1408)
(1372 à 1407)
Charles d'Orléans et Marie de Clèves
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Charles d'Orléans            trois épouses
(1426 à 1486)                   +Isabelle de France
Duc d'Orléans                    +Bonne D'Armagnac
+Marie de Clèves
Louis XII fils de Charles d'Orléans et de Marie de Clèves
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Louis XII
Roi de France

(1483 1515)

mercredi 1 juin 2011

Secrets de famille d. La source cachée. L'objet du scandale



Secrets de famille  de Louisa May Alcott Editions Interférence.
Louisa May Alcott ne fut pas seulement l'auteur du betseller que nous connaissons tous,  Quatre filles du Docteur March. Elle écrivit aussi sous des pseudonymes des romans que l'on peut déjà qualifier de thrillers et qui racontent de ténébreuses histoires.
A Nurse Story  paru sous le titre français Secrets de famille illustre parfaitement ce genre littéraire. Louisa May Alcott y raconte l'histoire d'une infirmière, jeune femme bien née mais sans fortune, engagée pour prendre soin d'une jeune fille, Elinor Carruth, malade mentale. Elle découvre peu à peu qu'un affreux secret pèse sur les divers membres de la famille Carruth. Ceux-ci vivent dans l'attente d'une révélation qui les déshonorera. Un certain jeune homme, Steele, semble exercer sur eux un pouvoir machiavélique. Qui est-il? et pourquoi est-il si puissant?  Or, ce dernier tombe amoureux de la jeune infirmière...
Le récit, très court, se lit vite et agréablement. L'intrigue rappelle les romans de Wilkie Collins et d'Elizabeth Braddon même si Louisa May Alcott  n'a pas l'imagination absolument fabuleuse d'une Braddon et si elle n'ancre pas ses personnages aussi profondément dans la société de son temps qu'un Wilkie Collins. La psychologie des personnages est assez rapide mais le récit est bien mené et décline le thème de la folie et de la mort. Il présente d'autres  thèmes traités d'un manière originale :   la trahison de quelqu'un qui vous fait confiance dans un but que l'on juge moral peut-elle se justifier? Autrement dit la fin justifie-t-elle  les moyens? L'amour n'est pas toujours régénérateur, il peut être aussi source de mal et de perdition.


La source cachée de Hella S. Haasse Actes Sud

Après En la forêt de longue attente que j'ai vraiment beaucoup aimé, je me suis lancé dans la Source cachée de Hella Haasse.
Point de vue de l'éditeur : Au coeur des bois, cernée d'un rempart de végétation luxuriante, se tapit la maison Breskel. A la faveur d'une période de convalescence, Jurgen arrive dans cette ancienne propriété des grands-parents maternels de sa femme, Rina, pour vider la bâtisse inhabitée depuis des années avant de la vendre. Ensorcelé par l'atmosphère exceptionnelle des lieux, intrigué par l'histoire de cette famille qu'il connaît si peu, il se met à creuser dans le passé de ceux qui ont vécu là. Un passé d'où émerge Eline, la mère de Rina, morte des années auparavant dans des circonstances mystérieuses, un caractère passionné et romantique épris de liberté avec lequel il sent peu à peu s'établir une étrange communion. Avec une grande finesse psychologique et une sensibilité pleine de malice, Hella S. Haasse ouvre les portes de son univers très féminin à un homme qui se cherche, s'invente, se découvre et finalement se révèle, dans une maison hantée d'intuitions et de souvenirs, par la grâce magique d'une métaphore mythologique.
J'ai apprécié les descriptions  de la maison Beskel, de cette nature foisonnante, bruissante et mystérieuse.  Le style est magnifique. Pourant, si le roman ne m'a pas déplu, il ne m'a pas accrochée complètement. Pourquoi? Peut-être l'ai-je lu tropvite après En la forêt d'une longue attente alors que j'étais encore imprégnée de ce roman?  Peut-être aussi parce que les personange sont plus des idées que des êtres véritables? Un avis mitigé donc.
Voici deux liens pour aller voir des billets qui rendent pleinement hommage à ce livre:
L'or des chambres
Scriptural
                                 

L'objet du scandale de Robertson Davies Rivages

Point de vue de l'éditeur : Les mémoires de Duston Ramsay ne devraient a priori rien avoir de bien excitant. Ce délicieux professeur d'histoire affligé d'une jambe de bois n'a qu'une passion, la vie des saints. Mais cet érudit farfelu possède un pouvoir secret. Des événements insignifiants de son existence, comme une simple bataille de boules de neige, déclenchent dans la vie d'autrui, des réactions en chaîne imprévisibles et redoutables. L'objet du scandale est le premier volume de la "Trilogie de Deptford" où l'auteur déploie une maîtrise impressionnante de l'intrigue romanesque. Robertson Davies a véritablement inventé un genre nouveau, une sorte de comédie philosophique où la vie humaine est considérée d'un point de vue supérieur, comme si un démiurge malicieux consentait, pour une fois, à expliquer la manière dont il tire les ficelles de nos pauvres existences terrestres. C'est à la fois drôle et captivant, mené avec un humour et une profondeur de vues qui font de Robertson Davies, mort en 1995, l'un des plus grands prosateurs de langue anglaise.
L'objet du scandale est le premier volume de la  trilogie de Deptford.  C'est un livre complexe, d'une grande richesse et dont il est très difficile de faire un compte rendu car sa signification dépasse le récit et peut recevoir plusieurs  éclairages. La raconter le réduit. La philosophie qui se dégage du roman est passionnante. Un excellent roman.

samedi 16 avril 2011

Halla S. Haasse : Un long week end dans les Ardennes


Un long week-end dans les Ardennes de Hella S. Haasse, écrivain néerlandais pose le problème de la Mémoire familiale liée à la guerre et au nazisme, à l'attitude que chacun a eu face à cette idéologie raciste qui niait les principes fondamentaux de liberté et d'égalité. Ce roman met en scène des personnages singuliers dans un étrange manoir au coeur de la forêt ardennaise. Il y a Edith Waldschade, une grande pianiste, qui défend la mémoire de son père, le professeur Erik Waldschade, éminent anthropologue qu'elle admire et qui a étudié les légendes et les superstitions populaires de l'Europe du Nord, notamment en ce qui concerne les loups.. Elle-même élève trois loups dans la forêt qui entoure son domaine. Elle entretient des rapports de haine-répulsion avec sa soeur qui dirige une secte suspecte de liens avec des groupes néo-nazis, avec son beau-frère qui vit à ses crochets et joue le gentleman farmer, et sa nièce, une évaporée sans cervelle, qui ne rêve que de célébrité. C'est dans ce contexte tendu que survient un homme qui affirme être son demi-frère et dont elle ignorait jusqu'à l'existence : Erwin Waldschade. Quel est son but? Pourquoi apparaît-il après tant d'années de silence, pourquoi accuse-t-il son père? Les théories du professeur Erik Waldschade allaient-elles vraiment dans le sens de l'idéologie nazie comme le pense Erwin? Ou bien, parce qu'il s'intéressait au patrimoine culturel allemand, a-t-il été à tort considéré comme suspect de sympathie au nazisme comme le croit Edith? A l'issue de ce drame étouffant qui va se jouer en grande partie dans ce huis-clos familial, Edith va découvrir pourquoi elle a été séparée de Yon, (Jonathan Altmann) musicien comme elle, qu'elle aime toujours mais qui est parti en Israel rejoindre sa soeur et qui ne lui a plus jamais donné de ses nouvelles.
Le récit est intéressant de par la variation des points de vue entre le narrateur et deux personnages essentiels qui sont à la fois témoins et protagonistes de l'action :
Mathias  Crone, journaliste, écrit une encyclopédie sur les loups. C'est à ce titre qu'il s'intéresse à Edith Waldschade et qu'il parviendra à s'introduire dans le manoir, entrant ainsi dans l'histoire et y jouant un rôle non négligeable car il mène une enquête qui nous éclairera.
Nous découvrons Edith par les lettres qu'elle écrit à Yon, non pour les lui envoyer puisqu'elle ne sait plus rien de lui mais pour entretenir son souvenir. A travers ces lettres nous sont révélés le passé et le présent de la pianiste, ses sentiments, ses pensées intimes.
Le thème du loup est omniprésent dans l'histoire, génie tutélaire ou bête maléfique?Il est vu à travers le prisme des légendes et des superstitions et introduit une note fantastique dans le roman, en particulier avec le tableau gigantesque qui orne le mur d'une salle du château et peint le loup légendaire Fenrir en train d'avaler le soleil. Mais le symbolisme du loup est complexe. Pour le professeur Waldasche, Fenrir en avalant le soleil marque la fin de la civilisation occidentale "menacée par d'immenses flux migratoires". A cette affirmation Erwin répond :
Je partage sa conviction que cette immigration est le phénomène radical de ce siècle et probablement du suivant. Mais je le regarde d'une manière radicalement opposée. Pour moi, ce n'est pas une menace. Au contraire, je veux contribuer à ce processus migratoire, à ce mélange ethnique.
Car Erwin est le personnage clef du roman. Il est plein de ressentiment et d'aversion pour ce père qui ne l'a jamais aimé et s'est débarrassé de lui dès qu'il a pu, assumant seulement son entretien matériel. Il est persuadé que c'est pour des raisons ethniques que son père l'a repoussé ainsi. En se faisant reconnaître par ses soeurs, il vient briser l'ordre établi, troubler la  bonne conscience de cette société bourgeoise mais aussi les manipuler, jouer avec leur destin. A la fin du roman, Erwin va s'opposer à ce père disparu depuis longtemps, en prenant le contrepied : il crée un centre d'hébergement pour demandeurs d'asile, provoquant de la part des conservateurs et des groupuscules racistes des troubles sociaux.
A t-il pour autant changer l'attitude d'Edith? Cette  femme qui a toujours évité de parler à Yon de sa judaïcité, qui n'a rien voulu savoir de la famille Altmann disparue pendant l'Holocauste, qui a toujours évité de sonder le passé de son père, ne lui ressemble-t-elle pas, en fait?
Erik Waldasche confiait à sa fille pendant la guerre :
 Nous sommes à l'ère des loups, la bêtise et la malveillance ont tôt fait de placer sous un mauvais éclairage des choses bonnes en elles-mêmes. Ne rien dire est encore la meilleure manière de protéger ce qu'on pense.

Ne rien dire! C'est peut-être cela que Hella Haasse condamne, c'est ce que Erwin lui reproche à son père :
"Intervenir, oui mais sans courir de risques personnels. Jamais il n'a osé prendre parti ouvertement avant ou après la guerre. Et jamais il n'a eu une parole après la guerre pour l'holocauste.
Edith ne veut pas écouter son frère, prend congé de lui pour partir en concert. Elle se réfugie dans son art comme son père se cachait derrière ses livres et ses citations de Goethe, refusant de prendre parti. Rien n'a changé malgré le drame qui vient d'avoir lieu.

Voilà ma réponse; je n'ai  rien de plus à te dire. Les mots s'arrêtent où commence la musique. Au revoir Erwin.

jeudi 16 avril 2009

Littérature et Espagne : Les Picos del Europa avec Cees Nooteboom


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Pendant notre voyage j'ai habité un petit village au pied des Picos del Europa, ces hautes montagnes enneigées situées entre la Cantabrie et les Asturies à quelques kilomètres de la mer.
"Noms qui chantent, écrit Cees Nooteboom dans le Labyrinthe du Pèlerin. (...) Ici vinrent les chrétiens qui fuyaient le Sud, chassés à travers les plaines dépeuplées par les nouveaux maîtres venus d'Afrique. Plus tard seulement, ils reçurent le nom de muztarabes, mozarabes... Anachronisme. Les évènements précédèrent le nom, les chrétiens qui ont vécu dans la sphère de l'influence islamique. L'adjectif s'applique à une liturgie, une architecture, une musique, un style."
Justement, dans le desfiladero de la Hamida, gorges profondément entaillée par la rivière Deva, je découvre au fond d'une vallée, dominée par des monts dénudés, une charmante église préromane, mozarabe du Xème siècle, Notre-Dame- de- Liebana : 

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Le clocher de Notre-Dame de Liébana :
"Le monde des formes du Moyen-Orient s'est répandu en Espagne par l'intermédaire des invasions venues d'Afrique du Nord : arcs en plein cintre outrepassés dits aussi en fer à cheval, animaux fabuleux de Perse, plantes stylisées que l'on n'a jamais vue dans le Nord trop froid, obsession des formes géométriques, répétition en miroir.."

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Eglise de Liebana (détail)

En continuant notre route, j'arrive au monastère de Saint Toribio de Liébana, occupé par des franciscains. Il fut fondé au VIIème siècle mais entièrement reconstruit. Imposant, froid, il n'a pas le charme de la petite église mozarabe et comme j'y arrive à midi, un moine me dit qu'il faut attendre pour visiter le cloître. Peu importe, j'entre dans l'église dont la porte est grand ouverte. Elle contient un morceau de la vraie croix rapportée par Santo Toribio qui attire beaucoup de pèlerins; pas aujourd'hui! Le lieu est désert. Le cloître est toujours fermé mais comme il ne présente que des copies des manuscrits du moine Beato de Liebana, je reprends la route, laissant la parole à Cees Nooteboom :


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enluminure d'un manuscrit de Beato de Liebana (détail)

"Il y a mille ans, la peur était infiniment plus grande et dans les régions où je me trouve en ce moment, entre la Cantabrie et les Asturies, vivait et écrivait, au VIII ème siècle un moine dont les commentaires de l'Apocalypse tinrent l'Europe entière en haleine pendant plusieurs siècles. Le monastère qui s'appelait alors Liébana s'appelle aujourd'hui Santo Toribio, le nom du moine était Beato. Je dois quitter la route pour trouver ce monastère. Ciel gris, pluie, personne. Un portail et son heurtoir. J'attends le bruit du glissement des pas, mais rien ne se produit. Doutant de l'efficacité du marteau de fer, je frappe à coups de poing sur la porte. Le bruit retentit à travers le corridor; mais sans effet. Frappez et l'on ne vous ouvrira pas." 

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Monastère de Santo Tiribio

"Le bâtiment est banal, droit, ce ne peut être le même qu'autrefois. J'en fais le tour, arrive à une porte ouverte qui mène au cloître. Cherchez et vous trouverez. Les moines, ou les gens qui habitent ici ne se sont pas compliqués la vie. Ils ont suspendu, à intervalles réguliers, des reproductions d'illustrations qui ornèrent jadis le livre de Beato.

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Enluminure (détail)

"Lui-même n'a jamais vu ces images, enluminures, peintures faites par des moines qui recopièrent ses commentaires dans leur scriptoria. La peur et l'art, frère et soeur désespérés, les représentations mozarabes stylisées con tinuent à effrayer. Peur stylisé mais peur tout de même.. Peur de monstres, de la peste, du feu, de la fin des temps, peur des prophéties. Le livre de Beato était le "best-seller" de la fin du Monde. L'approche de l'anéantissement avait pris les artistes et les lecteurs à la gorge à tel point que les manuscrits enluminés des Commentaires de Beato sont aujourd'hui encore désignés par son nom, comme s'il s'agissait d'un genre : ... Le Beato de Liébana."

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Enluminure (détail)

dimanche 12 avril 2009

Espagne et Littérature : A Saint Jacques de Compostelle avec Cees Nooteboom


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Portail sud de la cathédrale de Saint jacques de Compostelle (détail)
La femme adultère

Avant d'y arriver (en voiture et non comme pèlerin) j'avais déjà visité Saint Jacques de Compostelle avec Cees Nooteboom dans son Labyrinthe du pèlerin, Mes chemins de Compostelle...
Sur l'immense praza do Obradoiro (l'oeuvre d'or), qui doit son nom à la façade baroque de la cathédrale se dressent non seulement la  cathédrale, romane à l'origine, mais aussi l'hôtel des Rois catholiques, ancien hôpital royal fondé par Isabelle et Ferdinand, le palais de Raxoy, néo-classique, devenu hôtel de ville, l'Ayuntamiento,  et le collège San Jeronimo, actuel siège du rectorat...
Cette place, Cees Nooteboom au cours de ses nombreux voyages l'a souvent visitée :

La vue est toujours belle. Neige, nuit, grêle, verglas, lune, pluie, brouillard, tempête, soleil, tous les éléments peuvent jouer à leur gré avec cette plaza del  Obradoiro, ils changent les gestes, les attitudes, la démarche des gens selon la morsure de leur froid ou de leur chaleur, leurs coups de fouet ou le voile dont ils les enveloppent, leur lumière ou leurs ténèbres; ils vident ou remplissent la place, créant un dessin sans cesse changeant, dont vous faites partie dès que vous mettez le pied sur ce rectangle, tout comme les sculptures dansantes qui se dressent sur le ciel à l'ouest; vous devenez un élément mobile dans une oeuvre d'art dont le plan fut conçu par un autre.

Le pèlerin qui arrive au bout du voyage à Saint Jacques de Compostelle obtient un diplôme pour loger à l'Hostal de los Reyes Catolicos :

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detail-parador.1239544166.jpg        Hôtel des Rois catholiques (détail)    detil-hotel-des-rois-catho.1239544223.jpg

Hôtel des Rois catholiques (détail)

Celui qui y descend a l'impression de devoir interpréter à lui tout seul le drame d'une famille royale, ou se croit obligé pour le moins de prendre un air aristocratique pour sortir par le portail plateresque; gothique, Renaissance, baroque, tous conflue dans cet édifice(...) Une fois qu'ils l'ont dépassé, ils se trouvent devant l'une des plus belles places du monde. Dans leur dos les troublantes richesses de leur "auberge" temporaire...

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A droite  le palacio de Rayoy, classique et sévère













De l'autre côté de la façade vide pavée, l'archaïque colegio de San Jeronimo, vaste aire de granit entre joyaux de granit..

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La cathédrale : Bien que les énormes grilles de la cathédrale fussent fermées, je savais ce qu'il y avit à voir là-haut, derrière les portes également fermées et les façades baroques s'envolant vers le ciel, je savais qu'à l'intérieur, on traversait une grotte pleine de sculptures et que, parmi toutes ces figures de granit rose, il en était une que je verrai la première après avoir posé ma main dans la main absente, c'était celle de Daniel souriant, parce que de ce sourire presque idiot on croirait voir s'ouvir une ère nouvelle.

cathedrale-de-santiago-de-compostelle.1239544663.jpgle portail de la façade Est est baroque,


























Le portail Sud est roman

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Dans la lumière blafarde j'avais contemplé les sculptures du portail sud. Dieu créait toujours un Adam au visage grave, le roi David tenait toujours son archet sur les cordes de sa harpe qui ressemblait à un luth. Pas un seul des plis de son manteau royal n'était déplacé, du cou à ses chevilles, ils retombaient, telles des vaguelettes se pourchassant vers les étroits pieds croisés. Le Christ avec sa couronne médiévale et les yeux aveugles d'un Dieu grec, la femme adultère  à la tête trop grosse, aux cheveux de Gorgone, aux petits seins ronds, et la contradiction avec la tête de mort sur son giron, tous étaient au rendez-vous et attendaient - moi avec eux - que le roi se mît à jouer de la harpe dans une autre vie, un autre millénaire, plus tard, un jour, quand le monde n'aura toujours pas disparu et que nous reviendrons sous la forme de quelqu'un que nous ne reconnaîtrons pas nous-mêmes.

dscn1451.1239544625.jpg portail roman (détails)

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Adam et Eve
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Le roi David

jeudi 2 octobre 2008

Le Retour de Anna Enquist


Le Retour est un roman sur le capitaine Cook, le célèbre navigateur, découvreur de Mondes et cartographe du XVIIIème siècle. Il présente l’originalité de ne pas avoir le héros pour personnage principal. En fait, James Cook nous apparaît à travers le regard de sa femme, Elizabeth. Et comme celle-ci le connaît mal car, entre deux voyages, elle a vécu peu de temps avec lui, il reste pour elle et pour le lecteur une énigme qu’elle s’efforce de déchiffer. En 1755, James Cook rentre d’un voyage (c’est le second) qui a duré trois ans. Elizabeth espère que ce sera un retour définitif et que son mari ne reprendra pas la mer.
L’image qu’elle a de lui correspond-elle à la vérité du personnage? La vie quotidienne à ses côtés lui révèle des pans inconnus de la personnalité de son mari, son manque de confiance en lui lié à ses origines modestes, son humilité envers les grands qui va jusqu’à l’obséquiosité, son désir insatiable d’être reconnu et d’obtenir des honneurs, mais aussi son amour de la mer, de la découverte, sa soif de connaissances, sa tolérance envers les moeurs des indigènes qu’il découvre, sa compétence en tant que capitaine et savant, et puis, sous l’urbanité et la courtoisie du personnage, un caractère parfois emporté et violent qui peut se manifester à l’encontre de ses subordonnés. Les journaux de Cook qui relatent ses voyages, ses lettres, et de mystérieux documents qui lui parviennent après la mort violente de son mari à Hawaii, complètent le portrait dont les manques sont comblés par l’imagination de la romancière néerlandaise Anna Enquist.
On l’aura compris il ne s’agit pas d’un roman d’aventures, nous ne partagerons pas la vie des marins, les dangers du voyage, la peur des tempêtes, l'exaltation de la découverte avec James Cook. Le roman vaut par l’analyse psychologique non seulement du navigateur mais aussi de sa femme, Elizabeth. Il parle de la difficulté de connaître autrui même lorsqu’il s’agit d’êtres proches de nous. Il parle de tristesse, d’attente, d’ennui, de désirs refoulés.
Lecteurs, nous sommes dans la situation de l’épouse, cloués à terre, condamnés à vivre en imagination l’aventure du mari ou par de courtes lettres parfois décevantes. Nous sommes voués au soin du ménage et des enfants, à la solitude, à la patience, à l’obéissance aussi. C’est assez frustrant!! Nous subissons les chagrins de cette femme, nous vivons les périodes de résignation qui succèdent à de rares moments de révolte. Rien de plus radical pour nous faire comprendre la condition féminine et pas seulement à cette époque. Trop de femmes subissent encore ces contraintes de nos jours. Ainsi naît un beau portrait de femme digne, intelligente (c’est elle qui corrige les manuscrits de son mari et lui donne des conseils),  courageuse mais qui n’a pas d’autre choix que l’acceptation. Ainsi, elle n’a aucun pouvoir de décision quant à l’avenir de ses fils. Elle vit dans l’ombre de son grand homme et affronte les naissances et les morts de ses enfants toute seule, sans l’appui et le réconfort de son mari. Il est vrai que Elizabeth Cook - qui a vécu jusqu’à l’âge avancé de 94 ans -  n’a pas été épargnée : Elle perd deux fils en bas-âge Joseph et Georges, puis  Elly, une fillette de six ans meurt, écrasée par une calèche en 1771. Après l’assassinat de son mari en 1779, par les indigènes d’Hawaii, c’est le tour de Nathaniel en 1780 qui périt dans une tempête, puis de James, son fils aîné en 1794.
C'est le thème de la condition de la femme qui m'a le plus touchée dans ce roman. C’est ce que j’ai ressenti avec le plus d'acuité. Malgré mes efforts, je ne me dépars pas toujours de ma mentalité d'ex-lectrice de Simone et beauvoiriste de longue date. Peut-être, ma présentation du livre peut-elle donner l’impression qu’il s’agit d’un roman polémique, engagé et démonstratif. Il n’en est rien. La tonalité est nostalgique, tout en demi-teinte comme cette vie étouffée, mise entre parenthèses, et, s’il est féministe,  c’est seulement parce qu’il dresse le portrait d’une femme qui pourrait être universel.