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vendredi 29 mars 2024

Brandon Sanderson : Tress de la mer émeraude


 

Tress de la mer d'émeraude est un livre de  Brandon Sanderson, le premier des quatre romans secrets écrits par l'auteur pendant la pandémie de covid19.

Tress vit sur un rocher, une île exiguë que la pierre noire rend plutôt lugubre. Seuls les marins qui déchargent les marchandises lui laissent entrevoir d’autres horizons, les lunagrées, dont les douze lunes de couleurs différentes sont vénérées comme des déesses par les habitants du pays.
La jeune fille vit dans la lunagrée verdoyante, celle qui déverse des spores vertes, ( mortelles au contact de l’eau), celles-ci formant l’océan de la même couleur. Un océan de spores ! La vie est monotone sur l’île mais Tress, petite fille humble, effacée et sage, simple laveuse de vitres, s’en accommode.  N’a-t-elle pas pour ami, le "jardinier" du château,  Charlie, qui n’est autre que le fils du Duc ? Or, elle est amoureuse  de lui et réciproquement. Mais voilà que Charlie est amené au loin par son père pour se marier avec une princesse et qu’il disparaît, enlevé par la sorcière de la mer de Minuit, la mer aux spores noires, la plus dangereuse de toutes. Il faut traverser la mer Pourpre où vit un terrible dragon pour atteindre l’antre de  la sorcière et l’affronter.  
Pour sauver le jeune homme, Tress décide de partir et comme chacun le sait, l’amour soulève les montagnes et, en l’occurence, ici, traverse les océans ! 

Comment la petite laveuse de vitres va-t-elle s’enfuir, passagère clandestine sur un bateau de contrebandiers, puis prisonnière et bientôt capitaine sur un vaisseau de pirates ? Comment va-t-elle être aidée (ou non?) par son ami le rat parlant et les marins ? Comment va-t-elle se révéler fûtée, fûtée, et pleine de ressources, la petite laveuse de vitres ? C’est ce que je ne vous dirai pas !  Il va falloir lire le livre! Et oui, c’est comme ça, la vie !

Ma première impression, je l’avoue, a été de me retrouver dans un conte de fées traditionnel plutôt que dans un roman Fantasy : la structure d’abord en trois parties, la situation initiale, l’élément perturbateur, les péripéties avec les adjuvants magiques ou pas qui interviennent jusqu’à la résolution finale si possible heureuse. L’héroïne, la petite laveuse de vitres, est bien un personnage de contes déterminée par ce qu’elle représente socialement et non par ce qu’elle est,  comme la petite fille aux allumettes, le petit ramoneur, le vilain petit canard…
Je me suis dit qu’il s’agissait donc d’un conte pour enfants et j’ai un peu renâclé à entrer dans le livre. J’aime les romans fantasy mais ceux qui s’adressent aux adultes. Pourtant, je voyais déjà se dessiner l’originalité du récit, c’est la fille qui part secourir son amoureux (un peu falot, le pauvre gars !) et qui va se révéler indépendante, intelligente, astucieuse et courageuse et, ce qui n'empêche rien, gentille, altruiste! Elle devient donc au cours de la lecture, de plus en plus intéressante surtout quand son caractère s’affirme et qu’elle commence à travailler avec les spores.  Donc, un bon point ! Ensuite, j’ai commencé à goûter un humour à La Princesse Bride, le film culte de mes filles, de mes petits-enfants et de leur grand-mère, vu et revu cent fois.  Et là, re re re bon point !

Mais j’étais gênée parfois par un humour potache, un peu lourd, en tout cas que je ne comprenais pas toujours, jusqu’au moment où je me suis aperçue que c’était le narrateur Hoid* qui prenait la parole, un être apparemment fou, subissant un sortilège lancé par la sorcière et qui tient des propos incohérents dont certains, pourtant, ont un sens caché. J’ai pensé aux personnages d’Alice au pays des Merveilles, le chapelier par exemple, confinant à l’absurde, un humour au deuxième degré. Le roman prenait des colorations différentes, interrompues parfois par des considérations qui s’adressent aux adultes plutôt qu’aux enfants. Et finalement j’ai aimé et je l’ai lu avec plaisir.

Bon, je me serais épargnée toutes ces hésitations, ces interrogations sur le roman si j’avais lu la post-face de Brandon Sanderson, avant ma lecture mais, disciplinée, je l’ai lue après : «  Je ne voulais pas d’un conte de fées, mais visais quelque chose d’adjacent. L’idée n’était pas néanmoins pas d’obtenir un résultat trop enfantin. Je souhaitais quelque chose que mes fans apprécieraient : un conte de fées pour adultes en quelque sorte. Chemin faisant, je me suis retrouvé en train de repenser à l’incroyable roman de William Goldman, Princess Bride (1987) qui parmi mes lectures, se rapproche le plus du ton que je tâchais d’atteindre . »  Un conte de fées pour adultes, c’est exactement ce qu’il est parvenu à réaliser !

*C’était le premier livre que je lisais de Brandon Sanderson  donc je ne savais pas  que Hoid est un personnage récurrent dans les livres de cet auteur et dans l’univers du Cosmere qu’il a créé.. Elantris est le premier  livre où il apparaît.

Et comme il s'agit de navigation même sur des spores, je participe à la lecture commune du Booktrip en mer de Fanja ICI

 


 

jeudi 11 mai 2023

Shelley Parker-Chan : Celle qui devint le soleil


Shelley Parker-Chan, australienne d’origine asiatique, nous offre avec Celle qui devint le soleil un roman fantasy à base historique. Le récit se déroule dans la Chine du XIV siècle alors occupée par les  Mongols. La dynastie mongole Yuan ( 1271-1368)  a divisé le pays en domaines féodaux et a fondé un système social hiérarchique divisée en quatre castes. Les Mongols en occupent la première place, la seconde est réservée aux non-Chinois, nomades des steppes, la troisième aux Chinois du Nord, la dernière aux Chinois du Sud. Ceux-ci, au bas de l’échelle n’ont aucun droit et vivent misérablement. Ce sont, en général des paysans qui n’ont aucun espoir d’avancement.

C’est dans cette dernière caste que naît l’héroïne de ce récit. En 1345, les maladies, la famine ont décimé la famille Zhu. Il ne reste plus que son  père, son  frère  Chongba à qui un devin a prédit à un grand destin aussi improbable que cela puisse paraître. Elle-même, est  promise à « rien », au néant. C’est normal, c’est une fille ! Aussi lorsque les deux hommes sont tués par des bandits, la fillette décide-t-elle de devenir Chongba, elle prend les vêtements de son frère, et sous cette identité, elle parvient à se faire admettre dans un monastère où elle poursuit brillamment des études de lettré avant de devenir moine. Plus tard, elle se fait moine mendiant et rejoint les Rebelles contre la dynastie Yuan, appelés les Turbans rouges.

Les rebelles, les Turbans rouges,  s'opposent au pouvoir mongol

C’est là que commence la lutte de Zhu Chongba pour accéder à la Grandeur promise à son frère. Dotée d’une volonté de fer, dominée par un désir ardent de réussite, intelligente et rusée, et surtout persuadée que son destin, du moins celui de son frère, est tout tracé et ne peut être dévié, elle va peu à peu s’élever au plus haut. Face à elle, les princes, les commandants et généraux de l’armée mongole, sont des personnages à part entière que nous découvrons et suivons tout au long de ce récit riche en aventures, en péripéties épiques, en héros fabuleux, en combats, mais aussi en réflexion sur le destin, sur le pouvoir et sa corruption, le Bien et le Mal, et bien sûr, les femmes : la terrible condition féminine en Chine et l’évolution de Chongba Zhu qui prend conscience que c’est en tant que femme qu’elle doit réaliser son destin. Elle nous apprend que l’on ne mérite pas son destin mais qu’on le crée !

Le roman hésite entre le réalisme, on apprend beaucoup sur la Chine de cette époque, et la Fantasy  avec les apparitions de fantômes, le mandat du ciel (qui justifie le pouvoir divin de l’empereur de Chine) devenant un pouvoir fantastique.  Il s’agit d’un conte, - une pauvre paysanne devient une reine - et pourtant l’histoire est vraie !  Enfin presque vraie ! L’auteure nous en avertit dès la préface : les évènement sont historiques, plusieurs personnages sont tirés de la réalité mais « le roman en réinterprète librement presque tous les aspects… ».  Et Shelley Parker-Chan en a le droit puisque nous le savons, nous sommes dans un roman d’Héroïc fantasy !

Le premier empereur Ming

Cependant, la réinterprétation est de taille car Zhu Chongba a existé du moins sous le nom de Zhu Yuanzhang …  mais c’est un homme !  Issu d’une famille  pauvre, il est devenu moine puis a rejoint l’armée des Rebelles, les Turbans rouges, qui ont chassé les Mongols de Chine en 1368. Il monte sur le trône, prend le nom de Hongwu, devenant le premier empereur de la dynastie Ming (1368_1398). Il se marie avec Ma qui est aussi un beau personnage féminin dans le roman et qui devient impératrice.

L'impératrice Ma

Un roman fantasy, donc, que l'on vit à la fois comme un conte, une épopée héroïque, un  récit "librement" historique et dont la lecture est agréable et captivante.



 

vendredi 30 septembre 2022

Jean-Philippe Jaworsky : Gagner la guerre

 

Je me suis immédiatement et volontiers couler dans l’univers de Gagner la guerre, roman de Jean-Philippe Jaworsky. Celui-ci nous introduit dans un monde imaginaire qui semble pourtant réel. La République de Ciudala ressemble fortement à la Florence de la Renaissance avec ses palais dont la base fortifiée est à bossage, et qui s’ouvrent aux étages supérieurs sur d’élégantes ouvertures géminées. Les grandes familles nobles de Ciudala, les Mastiggia et les Ducatore, s’y livrent à une guerre intestine sournoise, référence probable aux Médicis et aux Strozzi. Ciudala rappelle aussi Venise, son commerce avec les Turcs qui sont aussi ses meilleurs ennemis. Car la grande bataille navale que la République de Ciudala vient de remporter au début du roman est livrée contre Ressine, capitale de ce qui semble être l’ancienne Turquie, avec ses aghas, ses janissaires, ses eunuques, ses sérails et ses concubines. 


Un roman qui s’appuie sur l’Histoire, donc, avec un mélimélo de références, un pot pourri d’influences diverses ! Et que dire de ce peuple des pays froids où le héros va s’exiler, dans la ville de Bourg-Preux, et qui surenchérit sur le racisme des Ciudaliens  : ceux-ci jugent les Ressiniens trop noirs, les habitants de Bourg Preux ne voient, eux, aucune différence entre les deux susdits, tous trop sombres, tous inférieurs !
Un roman qui, pourtant, n’est pas un roman historique car ce monde est peuplé de magiciens, de sorciers et d’elfes qui nous entraînent dans un univers imaginaire soumis aux lois de la magie propres au roman fantasy. Ainsi le redoutable Sassanos, sorcier nécrophore qui se nourrit de l’énergie des morts pour déjouer le destin. Un vampire ?

 Peut-être, néanmoins, est-ce l’aspect du roman qui m’a le moins intéressée ?

Mais Gagner la guerre est aussi un roman politique - et par là de tous les temps-  car il explore les arcanes du pouvoir à travers les luttes que se livrent les familles nobles de Ciudala. Le podestat Léonide Ducatore a pour but de détruire la République pour devenir le souverain absolu. C’est avec habileté qu’il cache son jeu. Il intrigue, analyse les rapports de force, jouant une famille contre l’autre et vice versa, quitte à recourir au mensonge, à la trahison, voire au meurtre, tout en donnant à voir une façade de sincérité et d’honnêteté.

Le podestat Léonide Ducatore :

« Est-il abusif, pour un homme de gouvernement de subordonner la nation à son propre intérêt ? Les rêveurs, les naïfs, les hypocrites s’en offusqueront.
Je suis clair avec moi-même : j’assume mes actes, je profite de ma situation, je me sers de ma position à des fins personnelles. (...) Gouverner n’est pas un ministère; voilà bien une idée pour le clergé, un voeu pieux qui peut mener à de dangereuses dérives. La vérité est plus simple. Gouverner, c’est coucher. Si les deux partenaires aiment ça, ils se confondent. Ils partagent tout. j’ai une connaissance intime de la République. Je sais tout de ses faiblesses : la vanité, la coquetterie artistique, l’affairisme, le clientélisme, la corruption, le populisme, le chauvinisme, la calomnie…. Sans oublier le mépris, bien sûr. Autant de petits travers qu’il suffit de flatter pour faire brailler la plèbe dans la rue, pour faire crier la République toute entière comme une courtisane. Je baise la République et je la baise bien ». 

Machiavel n’est pas bien loin ! Quand je vous dis que ce propos est universel !

Venons en maintenant à notre héros ! Benvenuto Gesufal ! L’anti-héros par excellence ! La première fois que vous le rencontrez, du moins, dans ce roman, il est sur une galère, a le mal de mer et vomit toutes ses tripes devant l’équipage hilare. Mais quand vous le découvrirez sur un canasson, il ne sera pas plus à son aise, et se plaindra de son postérieur enflammé ! Pour un héros, vous avouerez ! Au départ, il est censé être beau mais il se fait casser la gueule, et se retrouve avec le nez de traviole, le râtelier en moins, remplacé par de rutilantes dents en or - excusez-moi, je parle comme lui, du moins j’essaie, car je ne possède pas un vocabulaire aussi riche - ! Donc, pour ce qui est de la beauté, vous repasserez ! Quant au sentiment romantique, à la galanterie envers les dames, vous repasserez aussi, un petit viol de temps en temps et puis l'on poinçonne la Belle, histoire qu'elle n’aille pas se plaindre de l’inconstance des hommes, c’est un des plaisirs de la guerre ! La parole donnée ? Vous rigolez ! Benvenuto Gesufal est un traître et son fond de commerce, c’est le meurtre. Alors, je vous conseille de ne pas vous fier à lui ! En fait, il est l’assassin patenté du podestat Léonide Ducatore ! Il ne s’embarrasse pas de scrupules et tue sur commande. Et là, oui, il est fort ! Il manie l’épée et la dague comme pas deux et embroche son adversaire sans coup férir ! 

Alors pourquoi s’intéresser à un tel individu ? Parfois, cela fait plaisir d’être du côté du méchant ! Après tout, c’est rare et original ! Et puis quand il s’adresse à nous, lecteurs, nous jubilons. Benvenuto a l’art de l’auto-dérision et manie hautement l’humour. J’adore, en particulier le mot de la fin qui constitue une chute hilarante au roman ! Il fait preuve d’un cynisme qui nous laisse pantelant et puis, il est, de plus, intelligent, une intelligence brillante qui lui permet de jouer au plus fin avec ses adversaires et de lire dans leur jeu, en particulier celui du podestat. Il a l’art de la formule, de la synthèse et réfléchit vite et bien. On sent qu’il n’est pas qu’un soudard ! Il sait lire et écrire, ce qui pour un homme de sa condition est exceptionnel. D’ailleurs, c’est lui qui écrit cette histoire. ll manifeste une sensibilité à la nature et à la beauté des choses. Il aime l’art, la peinture, la musique :  

« Les derniers accords abandonnèrent le public dans un état de suspension, vacillant au bord d’un abîme solaire. C’était plus qu’un charme : deux cents personnes stupéfiées, dans un état de choc délicieux. J’essuyai en vitesse le coin de mon oeil; cette divine salope m’avait tiré une larme, et ça la foutait très mal pour un ruffian de mon style. »

Un retour vers son enfance grâce à un passage à la Proust, nous permettra de comprendre sa personnalité, plus complexe que ce que l’on pourrait croire. Parfois la cuirasse se fend, quand il écoute un chant, quand son ami meurt … Les souffrances ressenties dans son corps, le non-sens de sa vie, lui apparaissent. Au dénouement, on le sent prêt à rendre les armes. Ce qui ne l’empêche pas d’être un parfait enfoiré mais il n’est pas le seul dans cette histoire qui en compte beaucoup ! Jaworsky réussit le tour de force de nous passionner avec un personnage absolument imbuvable ! Lecteurs, croyez-moi, si vous entrez dans ce livre, abandonnez toute morale et tout espoir de rédemption !

Bon !  Le style maintenant ! Il est magistral. L’écrivain manie tous les registres de la langue française et passe de l’un à autre avec aisance, fin connaisseur de l’argot, qu’il utilise avec verve, orfèvre des mots crus, truculents en diable, maître des descriptions ciselées. Il crée des effets comiques, d’ailleurs en mêlant les genres, en passant brusquement du registre soutenu ou registre familier et même trivial.

« Vous n’avez pas les fumerons de jaboter dans cette boutanche ? observai-je en baissant le ton. C’est gavé de gnasses qui ont les loches qui traînent; sans parler des floues et des casseroles. Ça me fait gaffer de dévider en plein entrépage.
Mordez le tableau ! rétorqua Dagarella d’un air dégagé. A la ronde, il n’y a que du lourd et du rupin. Même les grouillots, c’est de la pelure en souillards. Ils entravent que dalle au jar. On peut jacter à son aise. »

« En contrebas la ville nichée dans les replis des collines littorales : un chevauchement de toits ocre, un paradis mystérieux aux sillons de terre cuite, crevassé du lacis étroit des rues et des venelles, comme un épiderme quadrillé de ridules.Ça et là, la carapace tuilée était percée par le faîte des grands arbres et par le parement altier des tours et des beffrois. »

En résumé voici un bon, gros et long roman tel que je les aime (près de mille pages) que j’ai lu, d’ailleurs, comme pavé de l’été mais que je n’ai pas eu le temps de commenter avant la fin du challenge. On y vit mille péripéties comme dans un roman de cape et d’épées, on y rit des saillies, des réparties de notre héros, on y réfléchit sur les hommes politiques du passé ou du présent. Et s’il y a parfois quelques longueurs, elles se font vite emporter dans le flux impétueux de nouvelles aventures.

PS une mention spéciale aux remerciements de fin de roman. Ne les ratez pas!


Merci à Ingammic et à son bel article de m’avoir donné envie de lire ce livre : voir son billet ici






 

vendredi 5 février 2016

George R.R. Martin : Dragon de glace illustré par Luis Royo



Dragon de glace est un livre pour enfants (7 /8/ 9 ans?) écrit par George R.R. Martin, l’auteur de Game of Thrones. Je n’ai jamais lu G. Martin mais les belles illustrations de Luis Royo m’ont attirée et j’ai trouvé ce petit roman fantasy si joli que j’ai su tout de suite à qui je voulais l’offrir.

Luis Royo : Adara, la fille de l'hiver

Adara a été marquée par le froid terrible qui tué sa maman à sa naissance. C’est une fille de l’hiver, c’est pourquoi le dragon de glace qui apporte le gel et la désolation dans son pays est devenu son ami. Elle seule peut monter sur son dos et voyager dans les airs avec lui. Son père, son frère et sa soeur le redoutent comme toute la population.. Mais un jour la guerre arrive dans le royaume et les dragonniers, ceux qui commandent des dragons qui crachent le feu, sont vaincus par une armée plus puissante.  Alors Adara  appelle à l’aide son dragon de glace… Pourra-t-il battre les dragons de feu du roi ennemi? Et Adora verra-t-elle fondre son coeur de glace pour éprouver des sentiments?

Luis Royo : Adar et son ami, le dragon de glace


L’histoire est bien racontée et fait appel à l’imaginaire de l’enfant d’une très jolie façon. Le thème sous-jacent au récit est celui de l’impossibilité pour la fillette de ressentir affection et amour. On pense au conte russe : La fille de Neige, façonnée par ses parents avec de la neige et qui s’en va avec l’arrivée du printemps. Mais ici la fin est différente. Quant aux illustrations en noir et blanc, elles sont un plaisir pour les yeux et contribuent à faire de ce livre cartonné, à la belle couverture, un joli objet qui devrait être apprécié.

Luis Royo : Le combat entre les dragons du feu et le dragon de glace

dimanche 8 février 2015

Robin Hobb : Les cités des anciens



J’ai beaucoup aimé L’assassin royal de Robin Hobb, j’ai été déçue par Le soldat chamane mais avec Les cités des anciens je retrouve tout le charme du roman Fantasy : vivre des aventures passionnantes, s’immerger dans un univers fantastique, laisser le pouvoir à l’imagination (et Robin Hobb quand il s’agit de créer des mondes imaginaires et de héros extraordinaires n’est jamais en reste), s’attacher à des  personnages qui, pour être des créatures d’un roman fantasy, n’en incarnent par moins l’espèce humaine avec ses faiblesses, ses difficultés, ses tragédies mais aussi ses moments de bonheur et de plénitude.. Et s'intéresser aussi, mais oui, je vous assure, aux dragons dotés de caractère bien affirmé!

Le récit


Dans le Désert des pluies, les eaux et les terres sont si acides que les habitants ont construit des villes en hauteur, dans les arbres centenaires. Dans ce lieu inhospitalier, certains enfants naissent affectés de stigmates si prononcés, écailles et griffes, qu’ils sont pour la plupart sacrifiés à leur naissance. Ceux qui en réchappent sont mis au ban de la société et subissent le mépris de leur entourage. Le peuple du désert des Pluies vit de la chasse, de la cueillette et exploite le patrimoine d’un ancienne civilisation disparue depuis longtemps. Ils font du commerce avec la capitale Terrilville où vivent les riches marchands, créateurs de dynasties fondées sur l’argent.
C’est dans ce milieu acide que Tintaglia, la dragonne, a conduit les serpents géants, qui, enfermés dans des cocons, doivent pérenniser sa race en voie d’extinction. Mais les dragons qui naissent sont  atteints de nanisme, sont infirmes, trop faibles pour pouvoir voler.
Les habitants du désert des pluies décident de se débarrasser d’eux en les confiant à des gardiens. Tous partent pour un long voyage qui semble promettre une mort assurée! Ils ont ont pour mission de retrouver Kelsingra, la cité des anciens, lieu mythique où jadis, dans des temps reculés, vivaient les dragons et leurs gardiens dotés alors de grands pouvoirs.  Chassés de leur famille parce qu’ils sont différents, les jeunes gens du désert des pluies, Thymara,  Kanaï, Sylve, Tatou … vont tout faire pour sauver leur dragon et parvenir au but.


Vous lisez  les huit tomes de la série sans un seul moment d’ennui et sans avoir envie de lâcher le livre. Vous avec l’impression d’être transporté dans un ailleurs tout comme lorsque vous étiez enfant vous parcouriez « pour de vrai » le grand silence blanc des romans de Curwood et de Jack London.. Mais vous pouvez, parce que vous êtes adulte, analyser l’intérêt du propos de Robin Hobb qui développe ici un thème qui lui est cher : celui du droit à la différence et à l'égalité. Kelsingra, en effet, telle qu’elle va être appelée à revivre, sera un lieu où tout le monde pourra vivre quelles que soient ses particularité physiques, sexuelles ou sociales… Une sorte d’utopie où perce pourtant déjà la menace à l’intérieur du groupe, et surtout à l’extérieur. Les cupides marchands de Terriville n’ont qu’un désir, coloniser la cité pour en exploiter les richesses. Voilà qui nous promet une suite?*


*Il faut dire que Les cités des anciens est déjà la suite de L'assassin royal et de Les aventuriers de la mer  (je n'ai pas lu ce dernier mais il vaut mieux le lire avant Les cités des anciens.!)

jeudi 5 janvier 2012

Robert Sylverberg : Le long chemin du retour


Le long chemin du retour de Robert Silverberg nous entraîne dans une lointaine planète, Patrie, dont le peuplement a été le fait de terriens. Sur Patrie cohabitent désormais trois peuples :  les autochtones dont la civilisation est restée intacte et qui n'ont manifesté ni désir d'intégration, ni opposition aux nouveaux colons;  le Peuple qui correspond à une première vague d'immigration venue de Terre dans des temps immémoriaux, et les Maîtres, humains arrivés plus tard, il y a quelques milliers d'années, qui ont conquis la planète avec des moyens technologiques avancés.  Les Maîtres possèdent désormais toutes les terres et exercent le pouvoir en seigneurs tout puissants sur leurs immenses domaines nommés Maisons. Le Peuple travaille les terres en échange de leur protection et des soins qui leur sont prodigués. L'ordre règne. Joseph Keilloran, un adolescent de 15 ans qui appartient à la caste des Maîtres, en est persuadé. Il est pour l'instant en vacances dans la noble Maison des Geften  située à des milliers de kilomètres de celle de son père. La vie est belle, oisive,  promenades, chasses, jeux, danses avec les jeunes amis de son âge qui ont, de plus, une soeur fort jolie! Tout est donc pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Et pourtant, Joseph est réveillé une nuit par des explosions. Bientôt il comprend que le Peuple s'est rebellé contre les Maîtres, la famille Geften est anéantie. Grâce au soutien d'une servante loyaliste, Joseph parvient à s'enfuir, persuadé qu'il obtiendra de l'aide dans un domaine voisin et un avion pour pouvoir rentrer chez lui. Mais il découvre bientôt que toutes les autres Maisons  nobles ont été détruites et qu'il ne peut compter que sur lui-même. Il entreprend alors à pied le long chemin du retour, des milliers de kilomètre à franchir en affrontant de nombreux dangers...

Le livre est un roman d'initiation transposé dans un monde du Futur. Ce long voyage va transformer l'adolescent et bouleverser sa manière de concevoir l'univers qui l'entoure. Il le constate plusieurs fois au cours de ses épreuves, il vieillit prématurément, quitte le monde de l'enfance pour devenir un homme. Il était jusque-là un jeune maître choyé, déchargé de tous soucis matériels, uniquement préoccupé par ses loisirs et ses heures d'étude où il devait apprendre les devoirs de sa charge en tant qu'aîné, héritier de la Maison Keilloran. Il va devoir alors  à échapper à ses ennemis,  souffrir de la faim et du froid, terribles épreuves qui l'amèneront aux portes de la mort. Sa vie n'est plus qu'une question de survie. Sa conception sociale est aussi complètement bouleversée. Il découvre en ethnologue les moeurs et croyances des autochtones et s'étonne qu'ils aient des croyances religieuses et que, contrairement à ce qu'il pensait, les Maîtres ne soient pas placés au centre de leur univers mais considérés comme inexistants. Il est traité d'ailleurs en esclave, devient la propriété de ces indigènes qui exploitent ses connaissances médicales. Leçon philosophique de la relativité de toutes choses et aussi de modestie qui remet chacun à sa juste place sur la planète Patrie. Recueilli par une famille libre du Peuple, Joseph va prendre conscience de l'exploitation que sa caste fait subir aux autres. Cette découverte remet tout en question pour lui.
Je n'ai pas ressenti en lisant le roman la magie, la poésie,  la complexité des univers mythiques de Tolkien, d'Ursula Le Guin ou de Robin Hobb.  Il manque un souffle, une force,  un élan, à la fois dans le style et dans le récit. Mais les thèmes de Le long voyage de retour  qui proposent une réflexion sur notre propre Monde sont intéressants. L'auteur laisse, par ailleurs, libre cours à son imagination en créant des créatures fantastiques dont on ne sait pas trop distinguer ceux qui ont une conscience même primitive de ceux qui ne sont que des animaux.  Autre sujet de réflexion! Tout ceci devrait plaire à des adolescents qui suivront avec  plaisir les aventures de ce  jeune garçon courageux, sa découverte de l'injustice mais aussi de l'amour.



Première participation au Challenge de Aymeline sur Les Mondes imaginaires. Présentation :


Oyez, oyez, blogueurs, blogueuses, Aymeline a décidé d'organiser son premier challenge ! Qu'on se le dise !
 
En espérant ne pas faire doublon avec un autre challenge et sous la pression (amicale) de certaines blogueuses qui du coup devraient s'inscrire, j'ai décidé de faire un challenge centré sur les lieux et mondes imaginaires.
Autre avantage, vous allez me donner de belles idées de lectures.
Enfin, j'ai envie par le biais de ce challenge de vous faire découvrir d'autres mondes et d'autres univers de lecture...
 
Entendons-nous bien d'abord sur ce qu'est un monde imaginaire.
Dans la définition que j'ai choisie pour ce challenge, un monde imaginaire a ceci de particulier qu'il ne fait pas partie de notre monde connu et cartographié. Ainsi, tous les romans dont l'intrigue se déroule sur une autre planète font de fait partie du challenge.
 Voir La suite  ICI